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L e s "S A U T E - C O L L I N E S" |
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| Rencontres insolites : les bories et cabanes |
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Avant-Propos Nombreuses sont les rencontres lors de nos balades; vestiges et témoins d'un passé encore récent, les traces de charbonnières, fours à chaux, à cades, aiguiers, bories, moulins, etc., se succèdent. |
Historique : On distingue plusieurs utilisations de cette forme d'architecture - les cabanes (du latin capanna, cabane gauloise) ou bories qui signifiait pour Frédéric Mistral : la ferme ou la métairie, ou plus généralement en Provence, la cahute. La borie est une construction originale par sa forme, l'emploi unique de la pierre et sa technique de montage. On en trouve dans toute la France (les chibottes dans le Velay, les gariottes en Quercy et les capitelles dans le Gard), en Irlande aussi et même en Inde mais c'est en Vaucluse qu'elles sont les plus nombreuses et les plus intéressantes et la borie est un élément important du paysage de la Provence. Le matériau utilisé, le calcaire ou la molasse, détermine la grandeur des pierres et est trouvé sur place, la nécessité d'épierrer pour récupérer des terres jusque là impropres à la culture fournissant la matière première. Une technique aussi simple que raffinée : Les bories ont des formes et des dimensions très variables, tantôt monocellulaires, tantôt composées de plusieurs espaces multicellulaires. Pour construire une cabane, il faut d'abord choisir soigneusement l'endroit. On peut mettre à profit, notamment en terrain granitique, le rocher existant, ce qui donnera à l'édifice des fondations naturelles défiant les outrages du temps. Si ce n'est pas le cas, on respectera quelques principes simples : orientation de la porte, appui contre un mur de pierres sèches (ou intégration de la cabane à ce mur). Le plan au sol varie en fonction du terrain, mais aussi selon les époques de construction et la vocation de la cabane : plan circulaire pour beaucoup de cabanes de bergers, qui semblent les plus anciennes ; plan rectangulaire pour les cabanes de vignerons construites à l'extrémité des feixes. Mais il existe aussi de nombreux plans irréguliers, mélanges de courbes et d'angles droits : par exemple des plans en U où la façade est intégrée au muret et où l'arrière de la cabane forme un demi-cercle. Une fois posée la première assise, les pierres vont s'élever selon le principe de la voûte en encorbellement, chaque assise dépassant de quelques centimètres vers l'intérieur celle sur laquelle elle repose. Les interstices laissés par cette technique tributaire des pierres trouvées sur place sont comblés à l'aide de nombreux cailloux. Le sommet de la voûte est recouvert de terre et de graviers, et l'on doit au moins une fois par an remettre de la terre pour consolider l'édifice et assurer une bonne étanchéité. Une seule ouverture, en principe orientée au sud, permet d'entrer dans la cabane ; son linteau (bloc de pierre équarrie au-dessus d'une ouverture) est formé d'un bloc, le plus souvent de deux ou trois grandes dalles. Pour alléger la pression subie par le linteau, les cabanes de dimensions importantes peuvent comporter également un arc de décharge. Les problèmes de cheminée sont réglés de la façon la plus simple possible : une dalle au sommet de la voûte, que l'on peut faire glisser ou même enlever selon les besoins. Quelques constructeurs raffinés ont su ménager des niches à l'intérieur de la cabane, plus rarement ouvrir une petite fenêtre, voire une vraie cheminée avec un conduit. Les plans intérieurs sont de trois types : circulaires ou dérivés du cercle, carrés ou rectangulaires. Le couvrement ou la voûte est dite en encorbellement ; c'est une technique qui consiste à poser les pierres en assise avec dépassement de la rangée supérieure sur l'inférieure. La voûte peut-être conique, en gouttière, ou en carène, selon le lieu de construction. La stabilité de la voûte est assurée soit par des contreforts soit par épaississement de la base ou par chargement de la voûte. De quand datent les bories ? : Certains ont parlé du Moyen Age. Dans les Alpes de Haute-Provence, un texte datable du XIIème siècle parle d'une construction en pierre sèche. En 1663, un notaire de Sault officie pour la vente d'une grange et de 2 cabanes de pierre sèche, et l'état des artisans de Sault en 1692 compte 9 maçons ordinaires et 4 maçons de pierre sèche. Il semble généralement admis que la plupart de ces constructions ont été édifiées entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Certaines portent en effet des dates gravées : 2 de 1643 - 1 de 1660 - 8 de 1730 jusqu'à 1793 et 32 au XIXème siècle. Il semble que l'ère de la borie se soit éteinte avec l'exode rural de la première partie du XXème siècle.
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![]() Borie avec son linteau sous l'encorbellement |
Qui les a construites ? : Les bergers ont vraisemblablement construit les cabanes monocellulaires, les paysans constructeurs les bories de dimensions plus importantes. Les travaux plus complexes ont été réalisés par des maçons spécialisés dans la pierre sèche : les "muraillaires ou emparadaires". Ce type de construction demande beaucoup de soin tant dans le choix des pierres que dans leur assemblage savant et astucieux. Pour construire en pierre sèche, il faut de la patience, un bon coup d'oeil, assorti d'un bon coup de mains qui savent sentir si la pierre est à sa meilleure place, et une bonne résistance physique. Une borie peut peser entre 30 et 200 tonnes et utilise de 200.000 à 300.000 pierres. Chacune d'elles est passée entre 2 et 3 fois entre les mains du constructeur ! A quoi servaient-elles ? Grenier, abri pour outils, bergerie, grange, loge à cochons ou dépendances lointaines ? Toutes ces suppositions sont probables. A Gordes pourtant, mais c'est exceptionnel, une borie du XVIIIème, mais d'un type très rare, est une véritable maison d'habitation avec étage et fenêtre. La plupart du temps ce ne pourrait être que des maisons secondaires, les chambres n'étant ni chauffées, ni éclairées. En fait, les historiens admettent généralement que les bories jouaient un rôle d'annexe d'exploitation tout comme un cabanon et que les paysans prévoyaient des ouvrages pour leurs besoins : aiguiers, cabanes, murets, toitures recueillant l'eau des citernes. |
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| © Gilbert Bauer |